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Nikon vs. Canon
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En Anglais aussi.

traduction Antoine Grabois au Paris.

INTRODUCTION

Nikon et Canon fabriquent d'excellent boitiers et d'excellentes optiques. Leurs choix diffèrent mais le résultat est bon dans les deux cas.

Affirmer la supériorité absolue d'un système sur l'autre n'est pas possible (si un vendeur vous pousse à acheter une marque plutôt qu'une autre, demandez vous s'il dispose des deux boitiers en stock ?). La meilleure preuve : après plusieurs décennies de compétition, aucune des deux sociétés n'a supplanté l'autre.

En réalité, l'un des fabricants prend le pas sur l'autre puis se fait à son tour distancer. Ce mouvement de balancier s'observe clairement sur la longue période.

Depuis 1980, j'utilise du matériel Nikon et rien ne m'a convaincu de changer de marque : pourquoi réinvestir dans un système quand on possède déjà une demi douzaine d'optiques ? La réciproque est vraie : je n'aurais probablement pas basculé chez Nikon si je m'étais équipé au départ d'un système Canon. Par ailleurs, les compacts et les télémétriques que je possède sont des Canon (A70 et QL-17). L'ergonomie des réflexes numériques Nikon me semble mieux pensée. Cependant, je ne peux pas être catégorique car je n'ai pas réellement essayé leurs équivalents Canon tant j'ai été occupé par mes Nikon.

Depuis 10 ou 20 ans, les progrès de Nikon sont extraordinaires : la qualité a considérablement progressé et les prix beaucoup baissés. Les choses n'étaient pas si faciles à l'époque de la mise au point manuelle : le zoom de base d'aujourd'hui produit de bien meilleurs résultats que leurs équivalents non AF. Par ailleurs, je tiens à préciser que Nikon ne m'a jamais rétribué, quelle que soit la publicité que j'ai pu faire de leurs produits sur ce site.

Face à l'incapacité de Nikon à livrer le nouveau D80 et les D200 / 18-200 VR annoncés l'an dernier, j'ai décidé d'essayer Canon et de tester leur système, en particulier leurs optiques.

Je suis d'un naturel curieux, est l'heure de vérité approche donc. J'espère que passer d'un système à l'autre ne va pas affecter ma capacité à faire de bonnes photos.
J'ai acquis un 20D et un 30D. J'attends le 17 - 85 IS et le 18 - 55. Je prévois ensuite d'échanger le 20D pour un 5D avec probablement les optiques suivantes : 16 - 35, 24 - 105 IS, 70 - 200 IS et 100 - 400 IS.
Une fois le système Canon testé, j'aurai une comparaison complète des deux systèmes. Les quelques essais avec du matériel Canon que j'ai réalisé autour de 1999 compléteront cette étude (ils sont disponibles sur le site).

Nikon et Canon sont avant tout des opticiens, aussi je m'attacherais avant tout à comparer leurs optiques. Monter des optiques d'autres fabricants sur un de leur boitier est toujours dommage.

Saviez-vous que Nikon est un des leaders du marché des microscopes de labos ? En concurrence avec Zeiss et Leitz ? Nikon fabrique aussi des optiques valant plusieurs millions de dollars et les instruments de haute précision qui sont utilisés pour la conception et la fabrication des semi-conducteurs. Ils possèdent 37% de ce marché. Ces produits permettent de travailler avec une précision de 45 nanomètres, soit moins d'un dixième de la longueur d'ondes de la lumière visible ? Plus de 10 000 lpmm!

De son coté, Canon fabrique ses propres capteurs et sa propre électronique et ; tout comme Nikon, des instruments optiques de haute précision. Ils possèdent 20% de ce marché (merci à Bates Marshall pour les chiffres). Canon fabrique aussi pour la TV des zoom d'une amplitude supérieure à 100x. Ils sont vendus plusieurs millions de dollars.

Techniquement parlant, les optiques de 200$ à 20 000$ sont un jeu d'enfant pour eux. Les ventes qui comptent se situent entre 200 000$ et 2 000 000$. Notre chance à nous, photographes est que nous bénéficient de leur expérience dans le domaine de l'optique de haute précision.

LIVRAISON

Nikon et Canon ont des politiques de lancement de nouveaux produits radicalement différentes.

Nikon annonce ses nouveautés plusieurs mois avant qu'ils ne soient disponibles. Aspect positif : personne n'a l'impression d'avoir fait une mauvaise affaire en apprenant le lendemain de son achat que le produit qu'il a acheté sort du catalogue. A l'inverse, Canon s'assure de la disponibilité des produits avant d'annoncer leur sortie… on peut se faire avoir.

Cependant, Nikon abuse de sa politique : annoncer les sorties en avance, c'est bien ; prendre des commandes sans pouvoir les honorer est mauvais! Nikon a cette difficulté depuis l'an 2000 au moins, quelques exemples :
le 80-400 VR a été annoncé en janvier 2000 et était introuvable avant la mi 2001.
le D100 a été annoncé en février 2002 et était introuvable pendant 1 an. J'avais acheté un D1H la semaine précédente mais je ne me suis pas inquiété car je me doutais qu'il se passerait des mois avant que je ne puisse réellement m'en procurer un
le 12 - 24mm a été annoncé en février 2003 et n'était disponible qu'un an plus tard
le D70 a été annoncé en février 2004, plusieurs mois avant d'être trouvable
le D200 et le 18 - 200 VR ont été annoncés en novembre 2005 et à ce jour (août 2006), Nikon ne les a toujours pas expédié à ses clients
le D80 a été annoncé en août 2006 et personne ne l'a encore vu, pas plus que les produits annoncés l'an passé ; complètement ridicule!

Comme de nombreux lecteurs m'ont demandés mon avis sur le matériel Canon, j'ai décidé de sauter le pas. Au moins, Canon livre ses clients!

Contrairement à ce que certains croient, je ne reçois rien de Nikon et n'ai d'autre lien avec eux que d'utiliser leurs produits depuis une vingtaine d'années.

HISTOIRE

La course en tête du marché photographique à laquelle se livrent les deux fabricants ne date pas d'hier. Voici quelques observations personnelles sur ces quarante dernières années.

Début du XXème siècle

Les deux sociétés existent depuis les premières années du siècle. Je passe sur cette période, déjà largement documentée.

Années 70

Mon premier réflexe, acheté à 11ans en 1973 était un Minolta. Vous pouvez le voir et juger de sa qualité en vous rendant sur la page "Night photography". Je me suis ensuite acheté l'appareil de mes rêves, le Minolta SR-T-102, vers 1974.

1980

En 1980, je souhaitais que toutes mes optiques puissent utiliser le même jeu de filtres pour pouvoir en changer plus facilement et surtout, tous les emporter dans le petit avion de ma mère. Chaque optique Minolta utilisait alors un filetage différent. J'ai alors acquis un Nikon F2AS, boitier mécanique avec quelques optiques. Je me suis alors séparé de mon équipement Minolta, trouvant Nikon supérieur.

En 1980, Nikon était la marque de référence en 35mm. A prix équivalent à ce que proposait alors Canon, Nikon proposait des mécanismes de meilleure qualité et un choix bien plus vaste d'optique. J'étais aussi très fier d'arborer le même boitier que les journalistes pro.

Je n'avais pas encore réalisé que 1) la vraie photo de paysages se fait au moyen format et que 2) le critère principal de qualité du matériel est le format du film format.

1985

Minolta a mis au point le premier reflex autofocus en 1985. Quelques années plus tard, Canon et Nikon suivaient. L'idée faisait rire les photographes professionnels à l'époque.

Le système Nikon AF restait intégralement compatible avec le matériel antérieur : toutes les anciennes optiques fonctionnaient sur les nouveaux boitiers et les nouvelles optiques pouvaient se monter sur les anciens boitiers. Ce choix évitait d'avoir à remplacer tout son équipement et levait les freins à l'achat d'un boitier AF neuf. Nikon a facilité la transition vers l'AF. Pour assurer cette parfaite compatibilité, Nikon a choisi de loger le moteur AF dans le boitier et de n'intégrer à l'optique qu'un mécanisme faisant jouer la bague de mise au point. Comme aujourd'hui.

Canon a choisi un principe radicalement différent. Ils ont intégrés les moteurs aux optiques. Par conséquent, ils ont du reconstruire un système complet et introduire une nouvelle monture, incompatible avec l'ancienne. Pour bénéficier de l'AF, le détenteur de matériel Canon était obligé de se séparer de la totalité de son matériel et d'acquérir un système neuf complet.

1990

Les pros ont commencé à utiliser et à apprécier l'AF vers 1990. Les boitiers Nikon d'alors étaient trop lents pour la photo d'action. A l'inverse, les Canon excellaient dans cet exercice. Les photographes de sport de l'époque se sont alors séparés de leurs Nikon et depuis, le standard de la photo sportive est Canon. C'est ainsi que Nikon a perdu son avantage chez les pros, avantage qu'il n'a pas su reprendre à ce jour!

Au contraire des années 80, pendant les années 90, la qualité du matériel Canon, s'est hissée au niveau attendu par les professionnels ; marché pour lequel Nikon et Canon se battent férocement.

Aujourd'hui, l'AF de Nikon est aussi rapide que celui de Canon. Mais personne n'est prêt à se séparer à nouveau de tout son système et à se rééquiper intégralement sans une vraie bonne raison.

Un photographe professionnel possède beaucoup de matériel acheté sur une longue période. C'est un système dont la cohérence est nécessaire : tout doit fonctionner ensemble. A l'inverse, les amateurs achètent le boitier et l'optique ensemble. Sauf en cas de vol complet, le pro n'a aucune raisons de changer intégralement de système.

Au début des années 90, les pros ont abandonnés Nikon pour cause d'un AF insuffisamment performant. Aucun argument n'a pu les faire revenir. C'est pourquoi on peut observer tant "d'optique blanches" aux abords des stades. Cependant, il faut se rappeler que la photo de sport est un genre bien particulier. Pour leur part, les paysagistes utilisent le moyen format depuis plus de 100 ans et semblent pas près de changer!

1999

Nikon lance le D1, le premier réflexe numérique véritablement utilisable. Vendu 5000$ et avec un capteur de 2.7MP, Nikon reprenait une avance sur son concurrent.
Mon premier Nikon autofocus, un F100, me plaisait tellement que je me suis surpris à vouloir acheter tout nouveau matériel AF.

2000

Canon met à son tour son premier réflexe numérique, le D30. Il disposait d'une qualité d'image similaire à celle du D1 avec 3MP mais dans un boitier en plastique et pour 3000$.

2001

Canon lance le EOS-1D le 25 septembre 2001 et reprend la course en tête sur le marché des réflexes numériques.

2002 – 2004

Nikon lance peu de nouveaux produits tandis que Canon innove beaucoup. De plus à chaque annonce Nikon, Canon répond avec une meilleure annonce la semaine suivante.

2005 - 2006

Je préfère le Nikon D70 au Canon 20D bien que ce dernier soir mieux construit. Sa rapidité, son ergonomie, en particulier l'accès immédiat à la balance des blancs sont bien plus efficace que la navigation dans les menus du 20D.

En 2006, Nikon lance le D200 puis Canon améliore le logiciel interne du 20D et le renomme 30D. Ce dernier ne fait pas le poids face au D200. Nikon a frappé un grand coup, surpassant tous les produits comparables de Canon, y compris le 5D, vendu trois fois plus cher.

J'ai toujours adoré utiliser le Canon 28 - 135 IS avec mes films. Le 18 - 200 VR Nikon est extraordinaire et surpasse largement ce que Canon propose.

Seul Hic, personne ne peut mettre la main sur les Nikon. Peu importe la qualité du matériel proposé s'il est introuvable.

C'est pourquoi j'ai décidé d'accéder aux nombreuses demandes qui m'on été faites par le passé et à tester le système Canon,

Le fait que j'apprécie beaucoup mes Nikon ne signifie pas que vous deviez partager ma préférence. J'espère qu'à force d'utiliser mes Canon, j'apprendrais à les apprécier autant.

PLUG

Si ce texte vous a paru aussi intéressant qu'un livre que vous auriez acheté ou qu'une formation que vous auriez suivi, n'hésitez pas à m'écrire et / ou à faire une donation.

Merci d'avoir pris le temps de me lire,

Ken

traduction Antoine Grabois